8 Nov – Le gros autocar…

… qui va m’emmener à Banaue a du ramener les GI’s du front quand ils guerroyaient contre les japonais, les Ricains n’ont pas laissé que des mouflets et des jeeps quand ils sont repartis chez eux, ils ont laissés les bus aussi, j’en ai un sous les yeux.

Trêve de plaisanterie il m’emmènera à bon port et presque à l’heure malgré un départ tardif.

Le chauffeur s’appelle ’’Robert’’ son bus ’’Louise’’ tout un symbole, et juste à côté de l’immense volant cuir, son grand levier de vitesse qui peut-être est plus haut que lui, se termine par un pommeau de résine transparente, avec au centre une petite orchidée blanche dont le bout des feuilles bleutées appuient comme pour s’en extirper sur les parois prisons qui l’enserre.

Robert pour rattraper son retard du matin s’énervera un peu dans les 50 derniers kms pour honorer son contrat d’exactitude, et mes fesses se serrent si fort à certains moments que si l’on y introduisait quelques olives je n’aurais aucun mal à produire de l’huile première pression.

La gare des bus est un peu éloignée de mon hôtel et je choisis de m’insérer dans un side-car (appelé ici tricycle) pour qu’il me pétarade jusqu’à ma destination réservée la veille.

Très bonne surprise, c’est un endroit comme je les aime.

(J’essaierai demain promis !! d’être plus prolifique sur les endroits que j’aime…)

Pendant cette chevauchée de 9h, la route s’est ouverte sur des dômes de verdures, et presque posé juste sous leurs racines ces gros nuages de brume comme des tapis de ouate ou l’on voudrait pouvoir enfin comme une récompense, s’allonger et dormir, dormir peut-être pour ne plus avoir l’envie de se réveiller.

Tous ces bouquets de dominants verts, celui très tendre du riz , à celui des arbres couleurs bouteille dont j’ignore le nom, des cascades impromptues au détour d’un virage, des p’tits villages traversés trop vite à mon gout ou l’envie de s’arrêter qques jours est très forte, juste pour la sérénité du lieu.

Des moments comme ceux là donnent une réalité à mes escapades, comme une justification s’il en fallait une, que j’ai besoin de cette magie qui rebouche qques plaies mal cicatrisées.

Ce n’est que du bonheur que je maitrise très mal, comme assommé par mon émotivité maladive, ma sensibilité exacerbée par l’éloignement, et cette garce de solitude que je suis venu chercher avec la peur aux tripes, et que je défie encore et encore.

J’oublie avec mes jérémiades, de vous parler du riz que l’on fait sécher en longue bande, sur et le long de la route déjà trop étroite pour se croiser, et que les bus, camions et autres véhicules évitent au mépris du danger afin de respecter ces graines qui les font vivre depuis toujours.

J’omets aussi de vous décrire la gentillesse des Philippins au sourire facile quand leurs yeux glissent sur les vôtres, et le ’’ Where do you from ?’’ Répété maint fois qui ne me lasse jamais.

De même que j’ai négligé de vous faire visionner la cohorte des p’tits marchands de victuailles qui engorgent l’allée centrale du bus pour vendre à bas prix leur cuisine locale, leurs fruits toujours murs, leurs cacahuètes grillées encore chaudes agrémentées de pétales d’oignons eux aussi grillés à point et qui donnent le petit plus au gout de l’arachide.

J’arrête !! Il faut bien qu’il me reste qques anecdotes à vous conter à mon retour, le voyage ne fait que commencer et je vais faire provision d’images, d’odeurs, d’émotions, et puis, et puis…

Rentrer enfin pour me décharger de ma devise ’’Partir, partir pour mieux revenir’’

Pour ceux qui pourraient en douter ? J’vais bien !! et à celui à qui je pense le plus en ce moment quand avec mon sac je suis assis contre un arbre, comme hébété par le silence que je me construit pour être enfin seul dans mes pensées, je lui répète cette phrase qu’il connaît déjà et qu’il apprécie à sa juste valeur —Chaque fleur de cette vie mérite que l’on fasse un détour.

Faites attention à vous.

GG

  • Matin	Matin
  • Midi (C’est vrai qu’il faut aimer le riz)Midi (C’est vrai qu’il faut aimer le riz)
  • Le riz doit sécherLe riz doit sécher
  • No commentNo comment
  • Louise notre bus à ses vapeurs	Louise notre bus à ses vapeurs
  • La curiosité est constructiveLa curiosité est constructive