3 Nov – 5h30 les coqs se font entendre…
J’ouvre ma fenêtre il fait déjà chaud et de mon quatrième étage je jette un coup d’œil dans la rue. Les célèbres trottoirs de Manille sont des dortoirs à ciel ouvert Maxime le Forestier dans ‘’Etre né quelque part’’ le chante très bien, je vais l’écouter d’une autre façon maintenant.
Tous ces gens étendus avec leurs gosses sur des cartons avec au mieux une bâche comme couverture, je me fais une remarque idiote !! Les bâches sont toujours bleues ??
Malgré du déjà vu je fais qques photos, car je me sais abriter de leurs regards.
La douche bien froide, bienfaitrice, qques coups du 3 lames Gillette je suis presque neuf.
6h30 je demande le parcours pour aller voir ce célèbre cimetière chinois (40 hectares)
Je dois prendre un Jeepney (Jeep transformée, allongée, colorée) qui m’emmènera à la station Pedro Gil du LRT (Métro aérien) et j’ai 9 stations pour arriver à R. Papa station ma destination. Avec ce genre de transport on traverse la ville pour 15 pesos (1 quart d’euro)
Dans ce cimetière, les cryptes sont les beaux quartiers, les tombes sont des lits confortables si l’on prend la peine d’y coller un matelas de mousse, c’est une ville dans la ville !!
C’est tellement irréel, trop visuel, ma tête remue de droite et de gauche je ne veux pas y croire, je touche l’horreur, je suis enlisé, piégé, par cette absurdité, merde !! Ça fait mal dedans, je m’assois, Knock Out le GG.
Toute cette misère présente, palpable comme une seconde peau que l’on endosse, mes pas sont trainants dans les allées alignées de tombes, c’est comme un village avec des enfants qui jouent en se cachant derrière des stèles, des croix, les feux sous les marmites, les cordes à linge comme des toiles d’araignées, on me sourit, les visages s’illuminent dès que l’on m’aperçoit, je suis loin de me sentir le messie qu’ils doivent espérer de toutes leurs forces.
Comme un défi j’accuse l’ambiance et je lutte pour satisfaire cette curiosité morbide, je veux incruster ces images, constater de mes yeux embués de larmes que tout cela est vrai.
Mes certitudes sont trop fissurées, tailladées, ébréchées, depuis belle lurette, et dans chaque pays ce n’est que le remake d’un film déjà vu mille fois.
Vous savez tous maintenant que ce n’est pas par voyeurisme que je m’isole, ma quête est incertaine je ne la connais toujours pas ou je n’ose pas encore l’affronter vraiment.
Toujours ces 20 premières années tordues que je traîne lamentablement, et que j’exploite vainement, comme pour m’excuser d’un égoïsme qui m’entraine si loin de ceux que j’aime.
Cet acharnement d’emplir mes neurones d’images pas toujours très saines, mais aussi vivre cet isolement difficile qui vous oblige à remettre certaines idées reçues au placard, et puis très vite, trop vite ce désir de revenir, d’essayer de partager ce capital humain emmagasiné, et dont le trop plein déborde. Vive la vie !!
Les trop rares amis qui ont voyagé avec moi comprendront un peu mieux ce message.
Je sors de cet endroit avec des idées confuses, et surtout je suis bien déboussolé.
Pas la décence de mitrailler ces pauvres hères le microscopique Sony reprend des forces
Je n’ai rien mangé ce matin et la chaleur aidant j’ai les jambes lourdes, je trouve un Jollibee (Snack) et j’avale une portion de pâtes bolognaise avec un Nestea rempli de glaçons (Trop tard pour moi !! la turista sera au RDV bientôt).
Comme un challenge, un défi à ma fatigue je décide de rentrer à pied, si je ne me perds pas trop, je devrais arriver pour la sieste en fin d’après midi.
Ces 9 stations de métro qui traversent des quartiers très différents je les avale avec hargne et c’est couvert de sueur que je me jette sous le jet froid de la douche commune dès mon arrivée à l’hôtel. Je m’écroule sur le lit et je dors comme un bébé jusqu’à 19h30.
Faites attention à vous
GG
Salut Gérard,
Quel poète tu fais, tu devrais publier. De la misère, que de la misère! Est il nécessaire d’aller si loin pour en voir? Bientôt il te suffira de voyager en Europe, tu peux faire confiance à nos politicards véreux. L’année prochaine, tu pourras déjà aller en Grèce, ils sont sur la bonne voie. Ensuite tu pourras enchaîner par l’Espagne, le Portugal, l’italie, l’Irlande et qui sait bientôt la France? As tu digéré tes glaçons? Bonne continuation et fais nous rêver avec de beaux paysages.
Patrick